Critique de Mists of Pandaria

      Voilà maintenant six ans et demi que le célèbre jeu de rôle massivement multi-joueurs  « World of Warcraft » est sortie en Europe. Le jeu possède à ce jour quatre extensions : « Burning Crusade », « Wrath of the Lich King », « Cataclysm », et la dernière en date : « Mists of Pandaria ». À la sortie de chacune, le jeu s’est vu modifié, et c’est à l’occasion de la sortie de cette toute nouvelle extension que ce test traite de l’état du jeu, dans ses évolutions, son gameplay et son ambiance graphique et sonore.

      « Une grande évasion et un déluge de couleurs » C’est l’interprétation généralement émise dès l’entrée en jeu dans la région de départ du nouveau peuple jouable : les Pandarens (Panda-Humanoïde évoqué et joué lors de quêtes annexes dans le jeu Warcraft III). En effet, la région offre au joueur un jeu de couleur et un niveau de détail bien plus travaillé que pour les autres régions jouables du jeu. Le thème musical et l’ambiance « zen » de cette reconstitution de l’Asie Orientale vous transportent instantanément au pays des pandas. En effet, fermez les yeux, écoutez les délicieuses chutes d’eau, le bruit du vent et de la faune grouillante et vous vous sentirez au beau milieu d’une jungle de bambous (ou dans un restaurant asiatique). Il s’agit surement du meilleur aspect du jeu de nos jours, en effet, World of Warcraft s’améliore graphiquement au fil du temps (malgré qu’il se veuille assez ancien maintenant).  Les autres aspects du jeu quant à eux se sont largement dégradés au fil des sorties des extensions.

      Le gameplay et la difficulté en sont les premiers affectés, rendant ainsi le jeu d’une facilité absurde et de plus en plus incompatible avec l’univers et le background pourtant si riche du jeu. Perdre dans World of Warcraft, c'est-à-dire se transformer en fantôme pour retourner prendre possession de son corps gisant ne se produit quasiment plus. Et même en pratiquant une approche d’un boss, une attaque suicide (impliquant un équipement ou une composition d’équipe totalement inadaptée), l’hétérogénéité des différentes classes offres la possibilité de quand même sortir victorieux du périple. Ces aspects proches de la dérive sont notamment matérialisés par les points suivants :

- Les classes sont trop polyvalentes, au détriment de la raison même de certaines pouvant être classées inutiles. La plupart des classes disposes maintenant d’une sorte de familier (ce qui était précédemment une exclusivité pour le chasseur et le démoniste), ainsi que la possibilité de « tanker » ou de soigner.

- L’échec d’une offensive n’a plus que pour châtiment une mort à peine dissuasive (la vitesse de déplacement du fantôme étant augmentée, et la multiplication des cimetières tous les vingt mètres dans certaines régions du jeu).

- Le gain d’expérience (level du personnage et artisanats), et d’équipement est facilité à tel point que l’acquisition d’un niveau d’équipement complet d’armure « rare » (couleur bleu) est possible dans la quasi-totalité de ses éléments dès le level 20. Certains joueurs suspendent leur compte dans les deux mois suivant la sortie d’une extension pour cause d’en avoir déjà exploré tout le contenu.

      Ces éléments sont avant tout déployés par l’éditeur pour entrainer un gain de temps pour le joueur devant à présent atteindre le niveau 90 au lieu de 60 dans les débuts du jeu. Mais cela n’empêche pas l’affectation de l’univers du jeu par ces  optimisations non mesurées.
 
- Le jeu nécessitait une véritable approche « d’aventurier » dans ses débuts, il était en effet fortement conseillé de faire de la place dans ses sacs avant de s’engouffrer au fin fond d’une dangereuse instance, ainsi que de faire le plein de potion, nourriture ou autres équipements utiles en combats.

      A présent ce n’est plus nécessaire, un simple clic droit sur votre icône de groupe, et vous voilà transporté instantanément telle la porte des étoiles au pied de votre banque, coffre de guilde, hôtel des ventes et réparateur favoris sont ainsi directement à votre disposition, puis un autre clic pour vous faire réapparaitre dans le donjon. Il est même possible par ce moyen de se refaire une coupe tendance au salon de coiffure entre deux boss.

- Le jeu ne dispose plus de système de munitions, les armes de jet tirent en effet à l’infinie et comme par magie. Cet aspect n’offre donc plus la possibilité de personnaliser ses munitions, ou d’en faire commerce pour les artisanats concernés.

- Le monde de World of Warcraft est vaste, mais rien de vous empêche de vous téléporter instantanément aux quatre coins d’Azéroth et au-delà, à l’aide des dizaines de portails présents dans les capitales, les sorts et votre pierre de foyer maintenant réduite à 30 minutes de cooldown. La surmultiplication des fly, offrant ainsi des trajets de vol dignes des couloirs aériens des Etats-Unis vous dissuaderont largement de profiter des sentiers utilisés dans le passé.

      Dans World of Warcraft, il n’y avait rien de plus valorisant pour un joueur d’exhiber une monture ou mascotte rare, un set épique complet ou encore une arme légendaire (orange). Maintenant, il n’y a plus du tout de chalenge, les montures et mascottes sont liées au compte, donc utilisable par tous les personnages. Par exemple, il n’est absolument plus rare de voir un orc utiliser une monture d’elfe de sang et inversement.
      Nous avons assisté aussi à un défilé d’armes et d’armures sortant tout droit de l’univers magique et coloré de Barbie à partir de Burning Crusade, et cela tendrait à revenir en cette  sortie de nouvelle extension. Bâton laser, armure de cristaux fluoresçant rose, ou encore lunettes télescopiques à vue infrarouge et thermique donnent naissance à des sets d’équipements ridicules.

      Un dernier aspect montre la mutation du jeu, de type RPG au départ, dérivant vers un jeu de gestion au fil du temps. En effet, la nécessité d’utiliser des addons de gestion pour les raids des plus difficiles demande finalement au joueur une programmation des actions de son personnage (déclencheur d’attaques ou de soins et utilisation d’objets automatisés). Il n’a donc presque plus à jouer, mais seulement programmer une série d’action, et regarder (parfois, je joueur doit quand même se déplacer pour éviter un sort de zone lancé par le boss). La prochaine étape étant sera sans doute l’automatisation totale du personnage, permettant au joueur de se connecter seulement quelques minutes par jour afin de reprogrammer une série d’actions et d’objectifs (comme dans Farmville).

      Pour conclure, le jeu se voit rendu trop facile, devenu trop accessible au détriment de son univers et de son gameplay. Cependant, le nombre conséquent de joueurs inscrits et leur implication dans le jeu (guildes, organisation d’évènements RP ou non, etc…) offrent encore un intérêt particulier à profiter du jeu, qui connaît peut être ses dernières heures de gloire.